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Libération
Critique

Markovits, un diamant gros comme ça

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Révolte contre la mélancolie, en quatre saisons à Manhattan.
publié le 10 mai 2007 à 7h41

Ce livre présenté comme un roman est tout autant un recueil de nouvelles, entre lesquelles les personnages circulent. Tous ont un lien plus ou moins direct avec un collège privé du Bronx et habitent Manhattan, ils sont professeurs, journalistes, avocats, et Benjamin Markovits raconte avec une empathie retenue quelques mois dans la vie de ces New-Yorkais ordinaires, leurs vies professionnelles sont honorables, leurs vies privées ne sont pas exaltantes, mais leurs collègues ne les jugeraient sûrement pas catastrophiques, s'il arrivait qu'ils s'y intéressent. A vrai dire, c'est un livre où il se passe peu de chose, dans «Printemps», il ne se passe même strictement rien, de l'aveu même de l'auteur. Ce que le lecteur perçoit pourtant très vite, c'est une tentative de révolte contre une mélancolie envahissante qui a à voir avec ce qui est passé et ne reviendra plus, avec la possibilité, ou l'impossibilité, de désirer quelque chose ou quelqu'un.

Le personnage central d'«Automne» est Amy, la nouvelle prof de bio du collège, une provinciale discrète, timide, un peu trop maigre. «Tous les soirs, elle pleurait dans son lit après avoir éteint la lumière, sauf quand Charles Conway restait dormir, et dans ce cas elle ne se sentait guère plus heureuse, mais ne pleurait pas.» ça donne une idée de son état, et de celui de leur relation. Charles est discret et timide, pareil, mais il est très riche. On ne comprend pas bien ce qu'ils font ensemble, sinon que leurs solitudes sont apparemm