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Libération
Critique

Pamuk, bosphore intérieur

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Autobiographie d’Istanbul par Orhan Pamuk, qui décline en gris sa ville natale.
publié le 10 mai 2007 à 7h40

Il y a lui, enfant puis adolescent. Un gosse de bonne famille, plutôt solitaire, pour qui «la rêverie est une bizarrerie propre à sa personne». Tenté d’abord par la peinture, il découvre ensuite sa vocation d’écrivain. Mais surtout il y a la ville, sa ville. Une Istanbul en noir et blanc, cafardeuse, neigeuse et enfumée l’hiver, et tout aussi mélancolique pendant les beaux jours. «Durant toute mon existence, l’effondrement de l’Empire ottoman et la tristesse générée par la misère et les décombres qui recouvraient la ville ont représenté les éléments caractéristiques d’Istanbul», écrit Orhan Pamuk, affirmant «avoir passé sa vie à combattre cette tristesse, ou bien comme tous les habitants d’Istanbul, à essayer de se l’approprier». Dès les premières pages, le ton est donné. C’est un livre étrange et double, aussi envoûtant que parfois irritant, où alternent souvenirs d’enfance et chroniques urbaines. «Au début je voulais seulement écrire sur l’Istanbul des années 50-60, mais mon projet s’est transformé, car comme le note Walter Benjamin, il n’y a que deux possibles sortes de livres sur les villes : ceux écrits de l’extérieur dans une veine exotique et ceux vus de l’intérieur qui ne peuvent être que des autobiographies», explique l’auteur. Donc il se raconte longuement, mais il narre aussi avec intelligence et finesse une cité méconnue.

Premier romancier turc «nobélisé», Orhan Pamuk vit maintenant la plupart du temps à New York, donnant des cours à Co