On ne sait pas s'il y a une philosophie de la mode, mais il est assurément des philosophies et des philosophes à la mode. Quand une philosophie l'est-elle ? Peut-être lorsque ce qui la désigne, par-delà ses différents courants par exemple l'existentialisme, après-guerre finit par désigner tout autre chose que de la philosophie, un style de vie, une façon de s'habiller, des objets, des boissons, des lieux, des danses, des chansons... Et qu'est-ce qui fait qu'un philosophe se trouve être, tout à coup, à la mode ? Il faut dire d'abord le propre de la mode étant de durer une saison et de passer tôt aux oubliettes que nul ne souhaite, normalement, n'être qu'un «philosophe-à-la-mode», sauf si l'on préfère être plus à la mode que philosophe, et que ce souhait eût été le même si on avait été chanteur, présentateur ou DJ. Mais si on le devient néanmoins, cela ne peut être dû, à notre époque, qu'à la constante «présence médiatique», des articles dans des magazines, la participation à des talk-shows, des émissions littéraires ou de variété, des débats de société... Dès lors, s'il gagne en «image» et en notoriété, le philosophe n'apparaît plus spécifiquement comme philosophe s'il est sociologue, psychanalyste ou historien, cela ne change rien mais plutôt, génériquement, comme «intellectuel». La posture d'intellectuel peut, dans les pires des cas, rogner celle de philosophe : au philosophe à la mode, on demande (et il accepte) d'intervenir sur tout, mais sur son oeuvre person
Critique
Que Bergson ne bouge
Article réservé aux abonnés
par Robert Maggiori
publié le 10 mai 2007 à 7h41
Dans la même rubrique