On ne sait comment se lisent les livres du Galicien Julián Ríos, 66 ans, essayiste, éditeur. Sans doute comme une tranche napolitaine, avec plusieurs couches de goût. Ces deux-là, en particulier, ont l'air de compter sur une bibliothèque personnelle pour mieux la détruire, faire naître d'autres livres entre les décombres de ceux qu'on connaît. Qu'on se figure : Chez Ulysse est un ratissage de l'oeuvre de Joyce par quatre lecteurs expérimentés et les Nouveaux Chapeaux d'Alice une redite de l'épisode du chapelier en forme de gymnastique stylistique. On se croit pris dans les corridors du Marienbad de Robbe-Grillet, condamnés à une hantise qui, en repassant éternellement par les mêmes arborescences, procure un vertige délicieusement virtuel, fait reluire les puissances de l'imaginaire. Ce sont des trous que produisent les textes de Ríos, du genre de ceux où Duras espérait qu'on se vautrât quand, en entendant le texte de India Song relu dans Son nom de Venise dans Calcutta désert, on déduisait un troisième film qui n'existait pas, fait de la superposition mentale des images de l'un avec celles de l'autre, via une bande son identique.
Chez Ulysse ne demande pas nécessairement qu'on ait lu Ulysse. Juste qu'on en ait entendu parler. Après ça, on pourra caser dans les cocktails quelque analyse bien sentie ou reprendre l'original en se sentant moins bête. A moins de déguster Chez Ulysse comme un roman qu'il est : «De la nuit é