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Libération
Critique

Fleurs du mâle

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publié le 31 mai 2007 à 8h02

Le mot érotique est piétiné : ce roman tout cru rappelle que nous sommes tous des obsédés. «Je plonge dans la boue de ma mémoire tatouée par des visages de femmes, et je vous raconte ma vie mal brûlée.» C'est l'autobiographie fantasmée d'un homme qui, à peine adolescent, a découvert l'amour (le sexe) auprès, au plus près, des femmes mûres. Sa tante Louloua d'abord, «louve blessée» qui lui lave la verge au hammam, sous les yeux troublés des autres femmes. Puis d'autres suivent, des femmes au sexe «mouillé et moussant», ogresses soumises qui happent l'enfant viril... Il a peur du sang des jeunes femmes, de leurs «petits trous» sanglants. Il lit le Coran et les Fleurs du mal. En dit des versets ­ duquel ? ­ aux secondes de l'orgasme. «J'étais ainsi, fait d'une farine bizarre.» Autour, c'est la jeune Algérie indépendante, «violée et déflorée par un putsch», son premier coup d'Etat. Les Frères musulmans font bientôt parler d'eux, qui «sont venus pour coraniser l'Algérie et non pas pour l'arabiser». Le roman aux intimités puissantes dit le «coeur ouvert, nu comme une pierre» de l'enfant, et ses «beaux mensonges qui disent eux aussi la vérité», sur un fond mijotant d'historique. C'est le sixième roman francophone d'Amin Zaoui, 50 ans : il y parle beaucoup de lui-même (il a six soeurs comme son personnage et certains passages éclatent au visage comme seuls des souvenirs peuvent le faire, beaucoup de détails de sa