Qu'est-ce qu'un enfant dans un roman ? C'est le plus souvent un disparu, l'auteur ayant rarement 12 ans et se contentant la plupart du temps de ressusciter un être d'un âge qu'il n'a plus. Stephan, le héros de Vol perdu, a écrit un roman il y a plusieurs années, autour d'un enfant littéralement perdu. Et Hans-Ulrich Treichel aussi. Le premier roman de l'Allemand né en 1952, par ailleurs poète et essayiste, s'intitule le Disparu (d'abord traduit en 1999 chez Hachette Littératures, comme l'Amour terrestre en 2004, il reparaît en Folio en même temps que Vol humain). Le narrateur en est le frère cadet de l'enfant perdu dans l'est du Reich, qui décrit avec une précision drôle et sinistre les ravages de cet Arnold évaporé dans la vie de ses parents et, par extension, dans la sienne (la jalousie, voilà le sentiment fraternel prédominant qu'a laissé l'aîné en héritage). Tout se passe comme si le roman qu'avait écrit le héros de Vol humain était ce Disparu, jusqu'au numéro 2307 qui est celui désignant l'enfant devenu homme que ses parents croient reconnaître comme leur fils et qui passe d'un roman à l'autre. Mais la publication précédente d'un roman n'est qu'un détail dans la vie affective et sociale de Stephan. L'important est sa carrière universitaire banale, son amour pour sa femme psychanalyste. S'il est question du livre qu'il a écrit, c'est parce que celui-ci s'est trouvé des lecteurs et donc des malentendus, selon l'estimation du per
Itinéraire d'un enfant perdu
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par Mathieu Lindon
publié le 31 mai 2007 à 8h02
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