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Libération
Critique

L'odyssée du signe

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Entre Bible et Babel, la linguiste Clarisse Herrenschmidt explore l'espace où s'écrivent langues, nombres et codes.
publié le 31 mai 2007 à 8h02

Parler, rire, pleurer, marcher, ça fait partie de l'expérience humaine universelle. On peut aussi affirmer, sans trop de risque de se tromper, que tous les groupes humains ont à un moment ou un autre chassé, fabriqué des bijoux et consommé des plantes psychotropes. Ecrire, c'est différent, toutes les sociétés ne se donnent pas l'écriture. Qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, certaines se mettent à écrire ? Pourquoi certaines utilisent-elles les idéogrammes, et d'autres les alphabets ? Quel rapport entre le «mode d'écrire» et le «mode de penser» d'une culture ?

C'est à ces moments-là, et à ces questions-là, que s'intéresse Clarisse Herrenschmidt dans les Trois Ecritures, un livre qu'elle a mis vingt-cinq ans à penser et quinze ans à écrire. Comme son nom l'indique, les Trois Ecritures se penche aussi sur la naissance de l'écriture des nombres et celle des codes (informatique et Internet). L'essentiel de ce qui nous est ici raconté se passe dans les civilisations qui sont à l'origine de notre culture, au Moyen-Orient, en Méditerranée orientale et en Grèce. L'écriture des langues est née il y a cinquante-trois siècles (pas si longtemps après l'invention de l'agriculture dans le Croissant fertile, juste à côté) à Sumer en Mésopotamie, l'écriture arithmétique monétaire est née il y a vingt-six siècles en Ionie. Quant à l'écriture du code, elle est, comme chacun sait, beaucoup plus récente (au milieu du XX e siècle) et complètement à l'ouest (Grande-Bretagne).

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