Ce n'est pas tout de promettre, encore faut-il savoir ne pas tenir. Frédéric Beigbeder y parvient. C'est l'arlequin triste aux promesses non tenues. La manière dont il ne les tient pas l'a rendu assez célèbre pour qu'il puisse, à 41 ans, persévérer dans les limites de son charme. En voici une de plus, un roman, le septième et son dixième livre : Au secours pardon.
Trois citations encadrent le texte. Les premières sont de Dostoïevski et de Tourgueniev. Elles parlent de liberté, de solitude et d'amour, puisque Au secours pardon est avant tout un roman d'amour raté (le roman, l'histoire d'amour). La dernière est de Soljenitsyne. Elle évoque le triste destin du monde. Entre les unes et l'autre, l'écrivain relance le publicitaire désenchanté Octave Parango, sa doublure de fiction divorcée, sac de paillettes et de larmes, à la fois modèle et repoussoir : «J'aime répéter que ma bêtise est celle de mon temps, dit Octave, mais au fond je sais que mon temps a bon dos et que ma bêtise m'appartient. A quarante balais, on est responsable de son malheur, même si l'on paraît plus frais que lui. Ah oui, j'oublie de dire que j'ai quitté ma femme parce qu'elle avait le même âge que moi.» Jeunesse perdue, juvénilité perpétuelle, romantisme échoué sur plage pourrie, vieil enfant noyant sa peine dans la fête et l'argent : le modèle rappelle Fitzgerald et, plus loin, Musset. Refrain possible : «J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur :/ N'est-ce point assez de tant