Menu
Libération
Critique

Le petit Søren de Copenhague

Article réservé aux abonnés
Première édition intégrale des «Journaux et carnets de notes» de Søren Kierkegaard, laboratoire de sa pensée.
publié le 7 juin 2007 à 8h09

«L'orsqu'on va de Esrom à Nøddebo en longeant le lac, on suit l'un des chemins les plus ravissants que j'aie vus depuis longtemps. D'abord, à gauche, le village de Sølyst, presque bâti sur le lac; plus loin, Fredensborg...» On croit, au début, à un journal de voyage. Hegel, traversant les Alpes bernoises, en a écrit un. Et Schopenhauer aussi, lorsqu'il avait quinze ans. «J'ai fait un tour en Suède, à Mølleleie; j'ai rendu visite au baron Friherre von Gyldenstjerne, au domaine de Krabberup, et vu sa collection de poissons..» On voit vite cependant que le choix n'est pas de prendre une chaussée en déclive ou un sentier de montagne, d'atteindre le phare de Kullan ou de gravir les hauteurs de ÿstra Høgkull, et que les bifurcations sont celles de l'existence. «Je suis là comme Hercule, mais pas à une croisée de chemins ­ non, je vois s'offrir ici une bien plus grande multitude de chemins, et la difficulté de choisir le bon s'accroît ainsi d'autant. C'est peut-être le malheur de mon existence que je m'intéresse à beaucoup trop de choses et à aucune de façon décidée.» Pourquoi ne pas se consacrer au déchiffrement des lois de la nature? «J'ai été un fervent des sciences naturelles et je le suis encore; cependant, il me semble que je ne veux pas en faire mon étude principale. Moi, c'est la vie qui m'a toujours le plus intéressé en vertu de la raison et de la liberté, et mon désir a toujours été de clarifier et de résoudre l'énigme de la vie.» Pourquoi pas