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Libération
Critique

Le sens Þguré

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En philosophie, la métaphore vaut le concept, selon Hans Blumenberg.
publié le 7 juin 2007 à 8h09

Il n'existe nulle part de philosophie pure, qui serait un rigoureux enchaînement conceptuel, sans reste ni image. Au début de sa réflexion, en 1955, le philosophe allemand Hans Blumenberg (1920-1996) partait de ce constat et proposait de prendre au sérieux ce caractère obligatoirement figuré de la philosophie. Il formait alors l'hypothèse que «les métaphores puissent être les éléments constitutifs fondamentaux du discours philosophique, des "transferts" que l'on ne peut pas ramener à l'authentique, à la logicité». Il proposait d'appeler «absolues» ces métaphores, qui «résistent à la prétention terminologique et ne peuvent pas être résorbées dans la conceptualité». Ce livre esquisse l'histoire de quelques-unes de ces «métaphores absolues», qui «ont une histoire dans un sens encore plus radical que les concepts». C'est cette capacité des métaphores d'abriter les évolutions de l'histoire ­ ou du moins de servir de guide à sa lecture ­ qui permet de comprendre comment l'intérêt de Blumenberg pour l'usage d'un trope a pu devenir une réflexion globale sur le chemin de la société occidentale telle que la développe son ouvrage le plus connu, la Légitimité des temps modernes. Car, «comme thème d'un métaphorologie, la métaphore est un objet essentiellement historique».

Blumenberg commence par un exemple lumineux (la vérité comme lumière , voilà déjà une métaphore absolue) sur la «force» de la vérité. Ainsi Aristote parlant de ses