«Parmi toutes les fermes de la plaine du Torce, au nord de Région, celle de mon grand-père, l'une des plus modestes, était aussi l'une des mieux situées.» La première phrase d'Une méditation est également l'une des plus brèves, car la plupart des autres sont constituées d'immenses circonvolutions proustiennes, ainsi que le montre l'écrivain contemporain Vicente Molina Foix dans sa riche préface, pour fabriquer ce roman d'un seul paragraphe. Vicente Molina Foix en raconte la naissance : Juan Benet avait commandé à un menuisier des bobines rotatives qu'il relia à sa machine à écrire, de sorte qu'il écrivit Une méditation sans pouvoir revenir en arrière et que les jurés du prix Biblioteca Breva, en 1969, durent, au mépris de tout règlement, aller lire le livre sur le rouleau même au siège de la maison d'édition Seix Barral avant de lui donner le prix à l'unanimité. Ce fut ce roman qui valut à l'un des plus grands écrivains espagnols du XX e siècle (né en 1927, il est mort en 1993) de cesser d'être considéré juste comme un auteur de «worst sellers», après une carrière débutée avec «un titre que lui-même crut prophétique»,Tu n'arriveras jamais à rien. L'autre influence de Benet est Faulkner. On raconte que, arrivé à Paris après un interminable voyage en train, il descendit en criant: «Faulkner, Faulkner». «En plus, et c'est un trait plus autobiographique, je peux dire que sans l'influence de Faulkner, je ne me serais jamais déci
Sexe, machine et digressions
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par Mathieu Lindon
publié le 7 juin 2007 à 8h09
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