Asteasu envoyé spécial
Celui qui écrit, c'est le mort : David, le fils de l'accordéoniste franquiste et de la couturière. Basque, ancien militant d'ETA exilé aux Etats-Unis, enterré là-bas en 1999 à 50 ans. Avant de mourir, il a décidé de raconter l'histoire de sa vie. C'est aussi celle de son village et de ses habitants. Elle commence par l'entrée des troupes du Caudillo, à l'été 1936. Un curé porte un pistolet. Le colonel est un tueur bien repassé ; les fascistes du village le sont moins. L'histoire finit quarante ans plus tard, par la chute d'une jeunesse droguée au romantisme révolutionnaire. Une trahison abat les voiles. Chacun fera son salut comme il peut : par l'amour, l'argent, ou les livres.
Celui qui écrit, ce n'est pas le mort : c'est le traître. Et le traître, c'est l'écrivain : Joseba, qu'on appelait Etxeberria dans la clandestinité. C'est lui qui a trahi pour en finir, pour qu'ils en sortent. La dictature, la torture, les deuils, la solitude, la recherche aveugle d'un salut identitaire, l'amertume de survivre au meilleur et au pire de soi-même, tous l'ont connu. Joseba est le greffier. Ami d'enfance de David, il est venu aux Etats-Unis pour le voir une dernière fois. Il repart au Pays basque avec le livre du mort. Là-bas, il décide de le réécrire de le troubler : «Nous ressemblons parfois à des poupées russes. La première et la plus visible de nos effigies est suivie d'une deuxième, la deuxième d'une troisième, et ainsi jusqu'à la dernière, la plus secrète.»