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Critique

Le pire du Soleil-Levant

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La cruauté du Japon en guerre permet-elle le parallèle avec l'Allemagne nazie?
publié le 14 juin 2007 à 8h18

Les Français considèrent volontiers que la Seconde Guerre mondiale se limite au théâtre européen, la barbarie s'incarnant dans les symboles que représentent Auschwitz, Buchenwald ou Oradour-sur-Glane. C'est oublier qu'une autre guerre se déroula dans le Pacifique, conduite par un Japon belliqueux dont la sauvagerie eut peu à envier à ses homologues nazis, même si la dimension génocidaire resta toujours absente. Dans un livre important, Jean-Louis Margolin revient sur les lieux du crime, enquêtant sur une «armée de l'empereur» dont les sinistres forfaits restent, en Occident, relativement méconnus.

Cette armée portait le poids de l'histoire. Dès le XIXe siècle, les soldats japonais se distinguèrent par leur dureté, tant envers eux-mêmes (suicides en cas d'échec, brimades sur les conscrits) que vis-à-vis des populations soumises (la Corée, colonisée, en fit l'amère expérience). Cet héritage joua d'autant plus que le Japon fut constamment en guerre, affrontant la Russie en 1904-1905, participant à la Première Guerre mondiale avant de s'attaquer à la Chine. Nourrissant une culture de la violence, ces conflits, toujours victorieux, suscitèrent aussi un excès de confiance, une sous-estimation de la logistique ainsi qu'un mépris de fer pour l'adversaire.

Engagée contre la Chine en 1937, puis contre les Etats-Unis à partir de 1941, l'armée de Hirohito laissa sur son passage de larges sillages de sang. A Nankin, elle massacra civils (de 12 à 20 000) et prisonniers de guerre (de 30 à 60