Né en Jamaïque en 1932, Stuart Hall est un grand intellectuel britannique, pratiquement inconnu en France. Homme aux multiples origines (africaine, écossaise, indienne et juive portugaise), il se vit moins en métis que comme un hybride, ravi finalement qu'on puisse le prendre pour l'«autre», à partir de points d'attaque si variés. En effet, pour Hall, c'est en cultivant ses différences que l'on peut partager un monde commun. Lui même est venu en Grande-Bretagne au début des années 50, pour chercher dans les yeux du colonisateur ce que pouvait bien être un colonisé. Mais pris dans le vortex concomitant de la décolonisation et de l'avènement de la société de masse, il comprend vite qu'il faut renouveler les instruments d'analyse, à commencer par son propre marxisme. Pour ce faire, il fonde dans les années 50, avec Raymond Williams, la New Left Review, la revue de la nouvelle gauche qui devait conquérir une audience européenne. Nourrie par l'enquête, orientée vers l'action, une pensée novatrice ne peut venir que du mouvement réel de transformation sociale. Dans les années 60, avec l'aide de Richard Hoggart, il prend la tête du Center for Contemporary Cultural Studiesde Birmingham qui transformera en profondeur les études sur la culture contemporaine, en Grande-Bretagne d'abord et aux Etats-Unis ensuite. De manière plus ou moins directe, c'est de ce foyer des cultural studies que sont sorties les medias studies, les gender studies, jusqu'aux postco
Critique
Nouvelles hybrides
Article réservé aux abonnés
publié le 14 juin 2007 à 8h18
Dans la même rubrique