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Libération
Critique

Pari Tokyo

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Histoire d'un premier roman français paru d'abord en japonais.
publié le 14 juin 2007 à 8h18

La Trace est née un matin, au réveil. «Je me suis levé avec toute l'histoire dans la tête, dit l'auteur, Richard Collasse. Je me suis mis à l'écrire avec fébrilité, jubilation et douleur.» A Tokyo, la maison d'édition Shueisha n'aura pas tardé à faire éclore un écrivain et éditer ce premier roman, très autobiographique, d'un Occidental débarqué au Japon il y a trente-cinq ans. Un roman écrit en français, traduit avec subtilité en japonais par Yukari Horiuchi, et que le Seuil publie à son tour dans sa langue originale.

La Trace, roman acidulé et canaille, c'est l'histoire de ce Français qui s'épanche. «Je suis un imposteur», prévient d'emblée le narrateur. Il ne manque pas d'air, mais celui-ci charrie au fil des pages un léger parfum de désespoir. Avant de s'établir au Japon, notre homme a tout connu, ou presque. Casablanca, Paris, les Andes péruviennes... L'amour aussi, ou ce à quoi cela ressemble. Le monde, il l'a découvert grâce à son père, commandant de bord d'une grande compagnie aérienne, héros et «pilote de [son] coeur». Avec lui, dans des cockpits de 747, il a décollé et atterri un peu partout. Au milieu des glaces d'Anchorage. Et surtout au Japon, pays qui l'électrise.

Le Japon devient un virage fatal. Le narrateur aime ses gens, ses objets en bois, ses Nikon, ses feux d'artifice, ses paysages de neige et de montagne. Kamakura, Hokkaido, les îles de la mer Intérieure. Il apprécie le quotidien «efficace, précis, lyophilisé»