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Critique

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On consacre des musées aux cultures d'ailleurs, on pense valoriser les différences. On ne fait que perpétuer la mise en scène du même mythe.
publié le 21 juin 2007 à 8h25

Benoît de l'Estoile est anthropologue, il a 40 ans. Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, il a passé un certain temps au Brésil, dans la favela Fallet, à Rio, puis dans le Nordeste, où il s'est intéressé aux effets de la réforme agraire sur la population. «Qu'est-ce que ça veut dire quand l'univers dans lequel vous vivez est complètement bouleversé ?» C'est parce qu'il a ensuite monté sur place une exposition à partir de ce travail de terrain qu'il a commencé à s'intéresser aux musées. Il avait aussi fait une thèse sur les rapports entre l'anthropologie britannique et les savoirs coloniaux.Les rapports entre l'anthropologie (ou l'ethnologie) et l'univers colonial sont au coeur du Goût des Autres, de même que les musées ethnologiques. A le lire, on a l'impression que l'auteur connaît les musées ethnologiques du monde entier, de Londres à Vienne, en passant par Mexico ou Chicago. Et bien sûr Paris, où se trouvent le musée de l'Homme et le musée des Arts premiers du Quai-Branly, deux endroits où le «goût des Autres», c'est-à-dire le goût pour les Autres, a été mis en scène (et en ordre), quoique de manières totalement différentes.

Le goût des Autres semble une constante de l'esprit occidental, y compris avec la «pulsion cannibale», le désir d'incorporer, qui l'accompagne souvent. Des spécimens (vivants) de Peaux-Rouges ramenés d'Amérique par les voyageurs des Indes occidentales à la mise en scène ultra-esthétisante du musée du Quai-Branly, notre goût d