plus très jeune mais pas vraiment âgé, le type a été quitté par sa femme, séparé de son fils, a plongé deux ans dans le chômage; la tête est sortie de l'eau, il a retrouvé un boulot, la vie de bureau. Le type est seul, avec ses «habitudes célibataires» et ses «pensées de vieux», ses bancs où s'asseoir, ses cafés où observer la salle, ses balades entre Seine et platanes. Celui-là retrouve un semblable, Jean, un copain d'enfance, qui, lui, a décroché petit à petit de la vie. Un «coincé entre deux crises de rien». Un qui trimballe une sacoche d'ordinateur vide, hormis quelques papiers. Outre ce Jean, il en voit des milliers, «des types comme moi», quelques millions même, qui se reconnaissent de loin, l'avenir, c'est pas pour eux. «Leurs trajets font des boucles, ils ont toujours tendance à revenir sur leur pas.» La ritournelle «les types comme moi» ponctue, presque agaçante, le récit comme autant de fanions. Seul et si nombreux, toute une masse de types gris, en sursis. C'est que le narrateur n'est pas guéri de sa «vie d'avant», son regard ne sait se porter qu'en arrière et en dedans, à se repasser «les injustices jamais avalées et les espoirs jamais suivis d'effets». Quoi faire, sinon en finir ou bien respirer la vie comme elle va, s'accrocher à des pas-grand-chose ? Toute la tonalité et la justesse de Dominique Fabre résident dans ce gris, l'attention au sans relief apparent, la sympathie envers les anonymes. Son uni
Critique
Coup de Fabre
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publié le 28 juin 2007 à 8h32
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