L'auteur, né en 1969 dans le nord de l'Inde, vit le plus souvent à Londres, mais c'est en voyageant en Inde et dans la région qu'il s'est demandé «comment des peuples aux traditions millénaires» se modernisaient, comment ils intégraient la modernité incarnée de fait par l'Occident sans perdre leur identité. Les événements récents, en particulier le 11 septembre 2001, dit-il, «ont montré que ce n'était plus une question purement théorique». Un de ses voyages l'emmène à Allahabad, dans le nord de l'Inde, pendant une campagne électorale. Il observe les candidats des différents partis : «La dignité, comment la conquérir et la garder : voilà le principal souci de ces hommes. Une dignité ayant pour emblèmes des villas, des voitures blanches avec gyrophare... .»
Dans les neuf chapitres du livre, il mêle un regard personnel à une intuition sociologique et géopolitique qui rappelle le Naipaul de l'Inde sans espoir, et raconte le Cachemire et ses violences, le Tibet et l'alliance objective entre bouddhisme tibétain, tourisme et gouvernement chinois, Bollywood et ses mythes («Bollywood fait partie intégrante de ce qu'est devenue notre culture : nous passons notre temps à nous mentir à nous-mêmes.») Mais un des plus passionnants est celui sur le Pakistan, où il enquête en se faisant passer pour un jeune musulman. Arrivant à Peshawar en 2001, quinze ans après l'époque où la ville était un «avant-poste du djihad contre le communisme soviétique, fin