Du roi Thamous, Teuth (Toth) pensait ne recevoir que félicitations. Il avait découvert le nombre, le calcul, la géométrie, l'astronomie ou encore le trictrac et les dés. Là il présentait au pharaon sa dernière invention, celle qui devait fournir aux Egyptiens, et au monde entier, «plus de savoir, plus de science et plus de mémoire» : l'écriture. Or, comme on le lit dans le Phèdre de Platon, le souverain se montra fort courroucé, et regarda l'écriture d'un bien mauvais oeil : «cet art produira l'oubli dans l'âme de ceux qui l'auront appris», parce que, mettant leur confiance dans l'écrit, ils «cesseront d'exercer leur mémoire». On ne peut pas dire que Thamous ait fait preuve d'une grande clairvoyance. Cependant, malgré son essor universel, l'écriture (picto-idéographique, hiéroglyphe, cunéiforme, alphabétique...) reçoit encore quelques blâmes, parce qu'entre une réalité et les signes qui la désignent il y aurait toujours hiatus et déperdition de sens. Cela n'a pas empêché que l'on multiplie à l'infini les systèmes de signifiants, de façon à pouvoir quasiment tout transcrire, du braille au morse, de l'American Sign Language (ASL) ou de la langue des signes française (LSF) à la sténographie et aux symboles mathématiques. L'une des grandes réussites, à cet égard, est la notation musicale.
Il pouvait sembler difficile d'écrire des sons : pourtant, depuis les lettres de l'alphabet dont on se servait en Grèce, les neumes qui aidaient à rappeler la directi