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Libération
Interview

Présence d'un mort

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«Il nous envoyait, ma femme et moi, acheter des cigarillos Panthère», se souvient Patrick Modiano. Entretien.
publié le 12 juillet 2007 à 8h45
(mis à jour le 12 juillet 2007 à 8h45)

En 1976, Patrick Modiano publie un livre avec Emmanuel Berl : Interrogatoire (Témoins/Gallimard). Berl a 83 ans, il va mourir, il est vif et raconte sa vie. Modiano découvre avec lui que pour durer, il faut «garder toujours une certaine curiosité et une certaine innocence.» Un texte de Berl suit ces entretiens : Il fait beau, allons au cimetière. «Berl préférerait parler de l'avenir, écrit Modiano dans la préface. Il n'a pas de chance avec moi, lui qui est beaucoup plus sensible à l'espérance qu'à la nostalgie.» Trente ans ont passé. Pour Libération, l'auteur de Remise de peine a bien voulu répondre par écrit à quelques questions sur l'auteur de Sylvia. Patrick Modiano est exécuteur testamentaire d'Emmanuel Berl. Il publie en octobre, chez Gallimard, Dans le café de la jeunesse perdue.

Berl et vous, ça a commencé comment ?

Il avait lu mon premier livre, La place de l'Etoile, et il avait voulu me connaître parce qu'il avait été très touché que je cite, dans ce livre, le nom de son cousin Henri Franck, un jeune poète, mort à 23 ans, qui avait été l'un des premiers auteurs édités par Gallimard et pour lequel il avait une immense admiration.

Par quel livre l'avez-vous découvert ? Dans quelles circonstances ?

Je l'ai découvert à 17 ans, à la bibliothèque municipale de Saint-Lô. Deux de titres de lui avaient attiré mon attention : Mort de la Morale Bourgeoise et