C'est fini. Allongé sur un lit d'hôpital, seul dans une chambre que peine à éclairer la loupiotte de la table de chevet, Johnny se le répète encore, c'est fini. Jamais plus il ne montera sur un ring. Sa carrière s'achève ce soir, à vingt-deux ans. Johnny s'efforce d'intégrer la part la plus difficile de cette réalité - il ne sera jamais champion du Monde. Ni d'Europe, ni même de France. Champion de rien.
Quelques heures plus tôt, Serge Ducros a mis fin à ses rêves de grandeur - KO deuxième round en finale du championnat d'Ile de France, catégorie poids moyen. Et pourtant, Ducros a la réputation de ne pas frapper. Bonne technique, courageux et volontaire, oui. Mais pas de punch. Jamais au cours du premier round, Ducros ne lui a fait mal. Mais à l'appel du second, au sortir d'un corps à corps, un direct pleine face l'a expédié dans un trou noir. Le rideau est tombé d'un coup.
On l'a amené à l'hôpital en ambulance. Examens, scanner, Johnny n'a repris conscience que tard dans la soirée, deux heures après être descendu du ring sur une civière. Vers minuit, un docteur est passé en coup de vent pour dire que tout allait bien, qu'on le gardait par précaution. Son entraîneur, Mario, Slim et tous les autres sont partis depuis longtemps. C'est mieux comme ça. Parce qu'au champ de ruines de ses rêves, on est comme sur un ring. Seul. On ne peut recevoir d'aide de personne.
Allongé sur le lit aux draps blancs devant l'écran noir de la télévision, Johnny se
Un instant de bonheur
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par Eric SCILIEN
publié le 16 juillet 2007 à 7h00
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