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Merci Madame la juge

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par Jean LOPEZ
publié le 13 août 2007 à 7h00

Le lieutenant Mercier a fini sa nuit. Il rentre chez lui crevé. Les nuits c'est jamais facile. Avec un peu de chance il arrivera assez tôt pour embrasser sa fille avant qu'elle ne parte à l'école. Il chante avec la radio. « Dans le port d'Amsterdam il y a des marins… » La chanson se coupe soudain et la HF de service se met à gueuler : « prise d'otage au tribunal. Une femme armée d'un revolver. Un juge et sa greffière… » Merde ! Il est 8 heures dix, il ne lui reste que 5 minutes s'il ne veut pas rater sa fille. Son service finissait à 8 heures. « Il y a des femmes se lèvent tard pour faire chier le monde. D'autres qui se lèvent tôt, mais c'est encore pour faire chier le monde… » La HF se remet à hurler : « Bureau du juge Moreau. Y a-t-il une voiture sur zone ? Appel à tous les véhicules. » Et merde ! La juge Moreau il la connaît. C'est elle qui a jugé son divorce et qui l'a peut-être arrangé un peu pour la garde de sa petite. Mercier arrache le micro HF. « Lieutenant Mercier. Je suis sur zone. Je me gare devant le tribunal… »
   Mercier connaît le palais de justice. Il est devant le bureau de la juge dans la minute. Deux avocats en robe lui font signe en montrant la porte du doigt. « Merci les corbeaux, je ne sais pas ce qu'on ferait sans vous. » Il frappe à la porte. Trois coups secs. Puis connement : « Police ! Je vais ouvrir la porte. » De l'autre côté une voix de femme lui répond « si vous faîtes ça je la tue ! »
Qu'est-ce que vous voulez ?
La tuer !