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Libération

Tueur au salon

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par Michel Lamart
publié le 16 août 2007 à 7h00

Je savais que le tueur m'attendait dans le salon noyé d'obscurité. Je le sentais. Il était même assis dans mon fauteuil favori, juste devant la télé. Aussi n'ai-je pas pris la peine de donner de la lumière en rentrant. À quoi bon ? Cela n'aurait fait que confirmer une hypothèse désagréable. Il y a bien assez de soucis dans la vie pour s'en infliger davantage, non ? Je me suis toujours bien portée d'appliquer cette philosophie. Du moins, jusqu'à présent…
Je suis donc allée directement dans la cuisine. En plus, j'avais faim. Je me suis fait deux œufs sur le plat avec une tranche de bacon. J'ai mangé avec appétit. Ça m'a semblé bon. J'ai arrosé ce festin d'un trait de bordeaux.
Une bonne chaleur m'a envahie aussitôt et je me suis sentie en sécurité. Pendant que je mangeais, j'avais presque oublié la menace. C'est rassurant de mastiquer. Un réflexe primaire d'auto-conservation,  sans doute.

En faisant la vaisselle, j'ai allumé machinalement la radio. Justement, la chaîne diffusait le flash d'infos que j'avais entendu dans l'auto.
Il a égorgé une infirmière de l'hôpital psychiatrique avant de prendre le large. Il est fou et dangereux. Mais il n'y a pas lieu de s'inquiéter : le quartier est bouclé et la police ratisse le secteur.
J'ai pensé que je n'avais vraiment pas de chance d'habiter juste en face de cet établissement de soins. Il est vrai que j'y travaille et que c'est tout près de chez moi. Pourquoi la voiture, alors ? C'est simple : j'ai rac