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Libération

On a retrouvé Leprince !

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par Bernard Chatelet
publié le 17 août 2007 à 7h00

L'ont cherché trois jours durant, Leprince. Malgré les protestations des personnels soignants, ils ont même imaginé qu'il s'était échappé sur les routes, dans son fauteuil roulant. N'importe quoi !
« Oh ! Non monsieur l'inspecteur, pas lui, un homme si calme !  Il était heureux chez nous, savez-vous. Jamais il n'a manifesté le désir de partir, monsieur Leprince… pas comme certains qu'il faut surveiller sans arrêt »… Et la Madeleine, l'infirmière chef,  a jeté un regard sournois dans ma direction. J'ai bavé un peu et j'ai laissé tomber ma paupière droite pour montrer que c'était pas de ma faute si je leur faisais du souci. Le flic m'a regardé d'un air écœuré. On voyait bien que ça ne le motivait pas de rechercher ce vieux qui avait disparu avec son fauteuil.
 
Il paraît qu'ils ont parcouru les routes, jusqu'à trente km de la pension, les enquêteurs. Ils ont même contrôlé l'autoroute, voir s'il n'avait pas remonté sur la bande d'arrêt d'urgence en direction de Genève. Ça m'a fait rigoler d'imaginer Leprince filant sur l'autoroute dans son fauteuil avec son bras droit si mou qu'il peut à peine tenir sa fourchette. Si y'avait personne pour le pousser, y roulait pas, Leprince.
Lundi, le lendemain de la disparition, le ciel était gris, ils nous ont laissés à l'abri. A travers la lucarne de la véranda, on a aperçu un hélicoptère qui tournait en rond sur la pension. On ne savait pas si c'était pour chercher Leprince ou pour prendre des vues d'avion. On a roulé no