Comme tous les miens, je suis méchant et j'ai l'air con. Je n'en tire pas gloire, mais c'est ce qui fait ma force. C'est à cette combinaison de talents que je dois de m'être fait déniaiser et que je compte bien niquer les keufs. Pourtant, les fées n'ont pas fini le boulot, je suis aussi affligé de tares. Je pense à mon physique ingrat et au diplôme d'une école de commerce pour friqués que papa et maman m'ont acheté. Sales vieux ! Je les ai fait casquer et je n'ai rien foutu, mais j'ai réussi quand même. En fait, on ne me voit pas venir. Prenons l'exemple de mon dépucelage. C'était loin d'être gagné. Pour ses vingt-trois ans, Elodie alias Elo, un véritable canon et accessoirement le major de ma promo, avait organisé une fête. Dix mecs pour sept bonnasses, ça commençait déjà mal pour ma pomme, d'autant que la concurrence provenait en majeure partie de l'équipe de rugby de la fac de médecine de Saint-Antoine.
Moi, je rappelle, c'est cinquante trois kilos pour un mètre soixante-cinq et un visage commun, temporairement rehaussé d'une acné purulente. Pour faire court, je suis resté prostré toute la soirée sur ma chaise, arborant un air tragique. A trois heures du matin, après s'être faite frotter par tout le calendrier du stade français, Elo est venue cuver prés de moi et s'est inquiétée de mon désespoir. Je lui ai fait gober une invraisemblable histoire de maladie du cerveau, mon désir de connaître l'amour avant de mourir, et grâce à mon air incroyablement con, ça a ma
Les dangers du baiser expliqués aux crapauds
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par Michel Demant
publié le 18 août 2007 à 7h00
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