Cette 125e rentrée littéraire est un moment de bonheur intense qui, entre autres qualités, nous amène à jeter un regard neuf sur le congélateur. Objet parallélépipédique, d'une capacité variable suivant les modèles et les marques, d'une blancheur immaculée (quoiqu'au Japon on en vende des roses et des bleus layette qui sont très chouettes). Objet technique aussi, capable de faire régner entre ses parois, grâce aux soixante réacteurs nucléaires du pays, la température idéale de - 18 °C : celle d'un perpétuel été en Bretagne. Objet métaphysique enfin, puisqu'en surgissent de grandes questions. L'appareil peut-il être branché sur le triphasé ? Faut-il le dégivrer plus d'une fois par an ? Et il n'y aurait pas des bébés là-dedans, dites donc ?
Dans son roman le Cimetière des poupées (Julliard), Mazarine Pingeot ne donne pas toutes les réponses. Mais la famille Courjault, dont les aventures furent relatées l'an dernier dans les pages Faits Divers avant d'alimenter l'an prochain les pages Justice, a peu apprécié cette incursion de la fiction sur les plaies vives et la chose non jugée. D'où scandalounet de la rentrée. Cet événement fut rapidement déclaré d'intérêt public dans la torpeur de l'été désert et glacé.
Tant qu'à s'inspirer de faits réels, n'y avait-il pas mieux à faire ? La fille morganatique de François Mitterrand aurait pu, par exemple, raconter les aventures d'un candidat à la présidence de la République que sa femme fait cocu avec un bellâtre, tandis que le mari d