Paul Otchakovsky-Laurens a créé P.O.L, une maison d'édition qui est un petit cercle d'affinités électives. Les écrivains se connaissent entre eux et sont parfois amis. On y lit de la fiction, de l'autofiction, de la prose, de la poésie : cette maison sans étiquettes et sans école reflète les goûts disparates et les coups de sonde de son fondateur. P.O.L publie les livres de Camille Laurens depuis 1991, ceux de Marie Darrieussecq depuis 1996. Il explique ici pourquoi il se sépare de la première.
Quand vous avez reçu «Tom est mort», de Marie Darrieussecq, avez-vous été gêné par le sujet ou la manière dont il est traité ?
Pas du tout. Le livre m'a impressionné. J'ai évidemment pensé à l'histoire de Camille Laurens, mais je n'ai pas pensé à son livre, Philippe. Les traitements sont tellement différents. Et je savais aussi qu'il y a des enfants morts dans tous les livres de Marie Darrieussecq.
Que pensez-vous des arguments avec lesquels Camille Laurens condamne le roman de Marie Darrieussecq ?
Ils ne sont pas recevables. Le livre de Marie Darrieussecq a ravivé sa douleur, et cela, je l'avais envisagé. Mais je ne pensais pas que ce qu'elle éprouvait se déplacerait sur le plan littéraire, de façon aussi violente.
La dénonciation de plagiat est l'arme absolue, celle dont on ne se relève pas : on accuse un écrivain d'inauthenticité, de vol, de mensonge, d'une quantité de méfaits rassemblés sous ce seul mot. Et comme ce n'est pas tenable, on trouve des substituts, «plagiat psychique» ici, «singerie» selon Marie Ndiaye.
Continuerez-vous à publier les livres de Camille Laurens ?
Impossible. Nous avons traversé et affronté ensemble tout ce qu'il est possible d'imaginer, des épreuves aussi bien littéraires, quand ses livres ne se vendaient pas, que