Au milieu des vociférations sur la décadence de l'école, Eric Maurin est un ovni. Méthodiquement, se basant sur des faits indiscutables, il démonte un à un les clichés sur l'échec du système scolaire français et de ses réformes récentes. Sans pour autant nier les problèmes qui demeurent, le chercheur conclut que les jeunes Français ont profité de la démocratisation scolaire et que d'autres réformes, notamment dans le supérieur, sont maintenant nécessaires.
L'intérêt de l'ouvrage réside d'abord dans sa démarche scientifique, qui tranche avec les brûlots et les témoignages d'inégal intérêt qui se bousculent à la rentrée. Le spécialiste de l'économie de l'éducation, utilise la méthode empirique, basée sur les statistiques et l'économétrie, très en vogue à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, qui fut aussi celle de Thomas Piketty dans son livre sur les classes sociales.
Comme si l'auteur l'avait pressenti, le livre évoque les questions d'actualité les plus brûlantes : l'impuissance du primaire à amener tous les enfants au même niveau en CM2, l'échec du collège unique à assurer l'égalité des chances, la dévalorisation des diplômes à commencer par le bac, la fin de «l'ascenseur social» qui permettait aux enfants méritants des couches modestes de poursuivre des études, etc.
La question centrale aujourd'hui étant «l'échec» de la démocratisation scolaire, Eric Maurin analyse les situations dans les pays européens et aux Etats-Unis où des réformes similaires ont été conduites.