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Libération
Critique

Mausolée désarmant

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Louis XVII et Hébert selon Donner : autoportrait de l'écrivain en enfant du Temple et en enragé.
publié le 13 septembre 2007 à 9h36

En voilà un qui a pigé son époque : avant moi, le déluge. Christophe Donner écrit comme si sur le sujet qui lui sert de miroir, ici la Révolution française, rien de valable n'avait été publié avant lui. Evidemment, c'est une farce, mais on dirait qu'il y croit. Il promène son ambiguïté et son personnage sur cette route vide, vidée par le regard qu'il porte sur lui-même, avec un sourire de bonimenteur en coin. L'idée qu'il peut écrire n'importe quoi, choquer le lecteur, le bourgeois, le journaliste, l'historien, tout ça c'est la même chose, cette idée l'excite, l'amuse, le ravit, l'enivre, puisqu'il sait qu'il est drôle, que c'est un roman et qu'il a du talent. Donner est un gamin de 50 ans et un histrion d'une espèce particulière : faisant la chasse aux bonnes consciences, il faut toujours qu'il fasse le malin, flatte le scandale. Le spectacle aigu de la mauvaise foi est sa perspective et son viatique. Souvent, une provocation autosatisfaite lui tient lieu de morale et d'ingénuité. Parfois, le cri sonne juste.

Un roi sans lendemain est, comme presque toujours chez lui, un roman qui est le making of du roman. C'est l'histoire d'un écrivain, Henri Norden (anagramme de Donner, vous aviez compris), qui travaille à un scénario sur Louis XVII, le petit-fils de Louis XV, «l'enfant du Temple», mort à 10 ans en 1795. Michelet : «L'enfant était joli et intéressant ; il avait toutefois l'oeil d'un bleu cru, assez dur, comme l'ont généralement les princes de la ma