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Libération
Interview

On doit Jeanne d'Arc aux Allemands

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Le regard d'un historien d'outre-Rhin sur ses collègues américains.
publié le 13 septembre 2007 à 9h37

Gerd Krumeich est allemand et historien, il travaille sur la France, Jeanne d'Arc et la Première guerre mondiale. Il connaît bien le monde des spécialistes internationaux de l'histoire française.

Pourquoi un historien étranger s'intéresse-t-il à la France?

D'abord, il y a tous ces étrangers - américains, anglais, allemands - qui cherchent en France une alternative à leur propre culture. Ca va généralement avec une très grande idéalisation: la France, pays de toutes les libertés. Depuis 50 ans que je viens dans ce pays, j'ai rencontré des étrangers de toutes nationalités qui, pour compenser un déficit d'identité nationale ou culturelle, ont développé une suridentification avec la France, suridentification qui n'est d'ailleurs pas nouvelle, elle existait déjà au XVIIe siècle.

Mais il y a une autre chose, que je partage avec mes collègues américains, c'est l'intérêt des historiens pour les études comparatives. J'étais assistant en Allemagne quand j'ai commencé à me pencher sur l'histoire de France. Je travaillais alors sur les guerres de l'Allemagne impériale et j'ai voulu voir ce qui se passait du côté français. Lorsqu'un historien s'intéresse à l'histoire d'un autre pays, je pense qu'il y a toujours un élément plus ou moins explicite d'étude comparative. Quand un Américain décrit la France, il recherche les différences avec le système politique de son pays. C'est souvent le point de départ d'une réflexion très riche, comme on le voit dans l'excellent travail d'Eugen Weber, qui a