Laura Lee Downs, Stéphane Gerson (sous la direction de) Pourquoi la France ? Des historiens américains racontent leur passion pour l'Hexagone Traduit de l'anglais par Sylvie Taussig, postface de Roger Chartier. Seuil, 378 pp., 24 euro(s)
«Je me rappelle encore l'odeur de la troisième classe, ce mélange de sueur, de diesel et de salami. Elle n'aurait guère été du goût de Proust.» Fuyant la Tchécoslovaquie, sa mère, sa soeur et lui ont pris sans passeport le bateau à Gênes. C'était en 1939. «A notre arrivée à New York, mon père nous attendait avec son oncle : ils nous firent grimper dans une voiture qui nous conduisit jusqu'à Bridgeport, dans le Connecticut voisin [...]. Bridgeport était une ville affreuse [...]. Nous parlions à la maison l'idiome classique de l'immigration, un mélange de yiddish, de hongrois et d'anglais souvent dans la même phrase.» A l'université, il aura d'abord l'idée de faire sa thèse sur Weimar et l'histoire nazie sur les Allemands en tout cas, qui avaient été la cause principale de sa venue aux Etats-Unis. «Je voulais comprendre comment j'étais devenu un Américain.» Herman Lebovics sera historien, mais historien de la France contemporaine. La vraie France - Les enjeux de l'identité culturelle 1900-1945 est traduit en 1995.
«Dans les petites rues typiquement classe moyenne du North Side, les enfants ne jouaient pas aux cow-boys et aux Indiens, ni même aux flics et aux truands, mais aux flics et à Dillinger, le fameux gan