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Libération
Critique

Signe Delecroix

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Une chaussure sur le toit d'en face, et dix manières d'expliquer comment elle est arrivée là. Entre philosophie et fantaisie, entretien.
publié le 13 septembre 2007 à 9h36

Une petite fille s'est réveillée au milieu de la nuit. Elle veut confier un secret à son père qui est venu la recoucher: elle a vu un ange à la fenêtre, il a oublié sa chaussure. L'adulte ne réussit pas à se rendormir, va dans la cuisine et aperçoit sur le toit d'en face une chaussure. Et le soulier orphelin de rebondir en neuf autres histoires: godillot de cambrioleur unijambiste et amant dépité, pantoufle de Cendrillon fantasmagorique ou encore sandale d'Empédocle dont on suit la trace, telle une généalogie intellectuelle à rebours: de la star télé qui pète les plombs aux philosophes grecs. Dans son cinquième livre, la Chaussure sur le toit, Vincent Delecroix, né à Lille en 1969 et enseignant la philosophie des religions à l'Ecole pratique des hautes études à Paris, construit autour de l'objet insolite un roman dont l'humour ne masque qu'en apparence ses thèmes familiers. Sentiment de solitude, vertige de l'amour, besoin de consolation, brutalité du réel... Ces fictions spiroïdales, dont le fil conducteur serait le lacet de la chaussure, trouvent leur centre de gravité du côté de Philoctète, le héros abandonné de Sophocle. Et la légèreté ne serait en fin de compte pas tant dérision que grâce. Pour preuve, l'épilogue: «le Saut de l'ange (la vérité sur cette histoire)».

Vos livres précédents faisaient référence à Descartes, Kierkegaard... Celui-ci contient une histoire parodique de la philosophie, pourquoi ces allers- retours entre fiction et discours philosophique?

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