Un bon métier pour une femme, qualifie-t-on souvent le professorat. Sous-entendu, un bon métier pour concilier vie professionnelle et tâches domestiques. Beaucoup de vacances, un temps de présence réduit donc, en théorie, plus de temps pour s'occuper de la maison et de la famille. De fait, les femmes sont aujourd'hui nombreuses dans l'enseignement secondaire : en 2005-2006, elles représentaient pas moins de 60,9 % des professeurs certifiés et 50,9 % des agrégés.
Mais, contrairement aux apparences, il n'est guère simple d'être à la fois femme et professeur. C'est ce que montre Marlaine Cacouault-Bitaud, maître de conférences en sciences de l'éducation à l'Université Paris V, à partir de questionnaires et d'entretiens biographiques réalisés entre 1979 et 1980 et dans les années 1990 avec plusieurs générations d'enseignantes. Croisant l'approche sociologique et la perspective historique, elle inscrit son travail dans la lignée des travaux sur le genre pour montrer comment les rapports entre les deux sexes à l'intérieur de la profession ou dans la sphère privée influent les carrières.
Si aujourd'hui la place des femmes dans l'enseignement secondaire est largement acquise, il n'en a pas toujours été ainsi. C'est la loi Camille Sée du 21 décembre 1880 qui crée l'enseignement secondaire des jeunes filles et celle de 1881 qui constitue son corollaire : le professorat féminin et l'Ecole normale de Sèvres qui le formera. Visée égalitaire ? Pas vraiment selon Marlaine Cacouault-Bitaud qu