Cette étude rigoureuse, issue d'une thèse, suit le parcours semé d'embûches «des Premières», diplômées qui, grâce à l'enseignement féminin républicain et à la «désidentification progressive d'avec le modèle bourgeois», s'aventurent sur les terres professionnelles de prestige que les hommes s'étaient réservés. A l'argument de nature que le discours masculin opposait à leurs prétentions, qualifiées d'exorbitantes et ridiculisées à plaisir, elles opposent la preuve par le mérite, valeur que vénère la IIIe République. Si l'existence d'un sexe du travail a été prouvée par de nombreuses recherches, les pratiques féminines, jugées alors subversives, et les résistances des hommes pour conserver leur pré carré, n'avaient jamais été envisagées sous le microscope linguistique que manie avec brio l'auteure. L'analyse discursive fait apparaître la recomposition permanente des argumentaires des antiféministes, incapables de concilier fidélité aux valeurs républicaines et refus de l'égalité des sexes. Le régime, dans le tourment de cette contradiction, oscille sans cesse entre respect des règles communes et instauration de droits différentiels.
Là naît la controverse, une parmi d'autres, ici nommées «controverses d'égalité». Pour l'étudier, en montrer le subtil dynamisme, Juliette Rennes convoque trois champs discursifs: «l'affrontement militant» non sans rappeler que «les Premières» ne sont pas nécessairement des féministes conscientes l'aff