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Critique

L'homme à part

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Jean-Marie Schaeffer propose d'en finir avec la suprématie du sujet humain et de le réintégrer dans la nature.
publié le 27 septembre 2007 à 9h48

L'homme n'est pas dans la nature comme «un empire dans un empire» affirmait, il y a plus de trois siècles, Spinoza. Pourtant, c'est toujours ainsi peu ou prou que les sciences humaines et la philosophie dans leur grande majorité le considèrent. L'homme serait un être à part que la conscience, la société ou la culture ­ c'est selon Ñ arrache à la nature. C'est cette thèse que le philosophe Jean-Marie Schaeffer entend pourfendre dans un livre dont le titre sonne comme un mot d'ordre : la fin de l'exception humaine.

Inutile de s'en cacher, l'affaire est compliquée. Parce qu'il ne peut s'attaquer de front à toutes les versions historiquement existantes, la stratégie qu'adopte Schaeffer consiste d'abord à construire un idéaltype de cette thèse de l'exception humaine, la Thèse comme il se plaît à l'appeler avec une certaine grandiloquence, pour en démonter les rouages. Le plus troublant est sans nul doute qu'elle ne semble en rien affectée par le développement des sciences du vivant, notamment de la biologie de l'évolution, lesquelles ne cessent de mettre en évidence la continuité entre l'homme et les autres espèces. Dire que l'homme est un animal est même une lapalissade. Pourtant la Thèse apparaît comme un bastion, inattaquable de l'extérieur par les savoirs empiriques à qui elle impose une «ségrégation épistémique». Pas touche ! Selon Schaeffer, c'est Descartes avec l'argument du cogito qui serait à l'origine de cette «immunisation». Il fonde le savoi