Annie Gianfala, empaquetée dans un tailleur en gros tweed affreux, beaucoup trop chaud, débarque à Hollywood en 1939. Elle a 17 ans. Est-elle trop sérieuse, ou pas assez, elle qui n'a pas d'autre horizon que le sandwich et les cigarettes à gagner chaque jour ? Elle qui va bientôt oublier de dire non, ou oui quand elle devrait, à tous les garçons qui veulent coucher avec elle ? La voilà sans discernement, «il était dans sa nature de ne rien comprendre à sa propre personne». Avec des moments de lucidité déchirante, puisque nous sommes dans un roman de Paula Fox (son troisième, paru en 1972). Annie Gianfala a des dégoûts et des engouements pour son propre corps, son coeur, son âme. Elle voudrait être banale. C'est qu'elle se pense, parfois, exceptionnelle. Elle voudrait qu'on l'aime. Elle est faible et puissante. Elle est jeune.
Cinq années passent, un mariage, un divorce, dans la conscience d'une enfant perdue. La guerre semble loin, à la périphérie du récit, mais seule l'héroïne est ignorante. Autour d'elle, les gens pour qui la vie n'a pas de secret ont des idées sur cette guerre. Elle se prépare, elle a lieu, elle les mobilise - «une guerre impérialiste», pacte germano-soviétique oblige. Ensuite, tous unis contre le nazisme. Si la jeunesse est bien le sujet principal de Côte ouest, il en est un second, lié au premier : la politique. Le communisme offre une vision du monde clés en main, dirait-on aujourd'hui. Tout a une cause, tout s'explique, quel repos