C'est une histoire incroyable comme seuls (ou presque) Israël et les territoires palestiniens savent en générer. Une histoire qui évoque par sa folie et son trouble celle relatée il y a deux ans par Yasmina Khadra dans l'Attentat (un chirurgien arabe israélien d'un hôpital de Tel-Aviv opère à la chaîne les victimes d'un attentat lorsqu'il découvre que le kamikaze était sa propre femme.), sauf que l'écriture d'Haddad est lumineuse, légère, fluide, d'une poésie à vous réconcilier avec la douleur et la dévastation.
Entravés. C'est une histoire d'identité, forcément, dans cette région où Juifs et Arabes s'entremêlent, s'entraiment et s'entre-tuent avec une inlassable constance. Cham est un jeune soldat de Tsahal posté à Hébron, une des villes les plus explosives de Cisjordanie, où près de 700 colons juifs vivent armés et sous haute protection militaire au coeur d'une ville de 180 000 Palestiniens dont les moindres pas sont entravés («gagner Bethléem, Ramallah ou même Naplouse prenait moins de temps jadis que d'atteindre aujourd'hui la porte d'à côté, à travers cette folie d'obstacles en tout genre», note un des héros). Au cours d'une patrouille, alors qu'il vient de perdre ses papiers d'identité, Cham est blessé puis kidnappé par un commando palestinien. Lorsqu'il reprend ses esprits, il est couché au fond d'une cave, la tête couverte d'un keffieh. Il finit par être déplacé avant de tomber entre les mains d'autres Palestiniens qui le prennent pour un Arabe - ce qu'i