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Libération
Critique

Philippe Sollers, le surhomme pressé

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publié le 25 octobre 2007 à 1h03

Parler de soi, c'est rêver. Depuis longtemps, depuis toujours, Philippe Sollers rêve de lui. Il a 70 ans. Sa permanence agitée fait qu'il ne les fait pas. Il accélère par souci de vivre, se répète par crainte d'être muet, se vante par peur d'être mal aimé. Sa première passion, c'est lui-même. Il sait en parler : «La passion, c'est l'impératif de présence, parce que cette présence n'aurait pas dû se présenter, et qu'elle confisque, d'une certaine façon, le temps lui-même.» Voici donc les Mémoires d'un surhomme pressé. Intitulées Un vrai roman, elles sont un concentré partiel, biographique d'abord, thématique ensuite, de la vie de l'écrivain.

Cette vie, il n'a cessé d'en parler, de l'enluminer : Un vrai roman est un nouvel acte de postérité anticipée, un de plus, dans le pli et la continuité apologétique des autres. Livre de plus, et non livre qui bousculerait, déstabiliserait, approfondirait un homme livré au personnage dont il ne semble plus savoir quoi faire, sinon l'étaler, le déplier, en faire la réclame.

Il le fait tantôt avec grâce et rapidité, tantôt avec embarras et complaisance, souvent en as de la dénégation : «Je ne me plains pas, je raconte, mais personne n'écoute.» Que faire d'autre, quand on est Sollers ? C'est la question. Tout a été dit, redit, écrit - par lui ou par ses célébrants. Pourquoi se découvrir soudain face à l'ennemi, qui est partout ? Donc, «never complain, never explain». Fixer l'image. Comme les grands libertins s