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Libération
Critique

1219, l'Orient et l'Occident sur le chemin de Damiette

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publié le 1er novembre 2007 à 1h15

En septembre 1219, François d'Assise, fondateur de l'ordre des franciscains, rencontre le sultan d'Égypte, Malik al-Kâmil, près de Damiette, une ville du delta sableux du Nil assiégée par les croisés.

Alors que les croisades battent leur plein, François poursuit un double objectif : obtenir le martyre en se rendant sans armes chez l'ennemi ; convertir le sultan en lui prêchant la vraie religion. A cette fin, il propose aux prêtres sarrasins de se soumettre avec lui à l'épreuve du feu afin de laisser Dieu trancher leur désaccord.

Ce célèbre épisode est vite devenu un topos obligé dans les innombrables récits et représentations iconographiques des faits et gestes de François d'Assise. L'objectif de John Tolan n'est pas de retrouver son improbable vérité historique, d'autant plus inaccessible qu'aucun texte arabe la relatant ne nous est parvenu. Il entend plutôt montrer comment il est devenu un «lieu de mémoire» mobilisé depuis huit siècles afin de penser la rencontre entre l'Europe chrétienne et l'Orient musulman.

Compréhension. Pour les textes chrétiens du Moyen Age, le Sarrasin (le Juif, d'ailleurs, n'échappe pas à ce stéréotype) était un être irrationnel et violent, incapable d'accepter la vraie foi. L'enjeu principal du récit de la rencontre entre François d'Assise et le sultan conernait, de ce fait, moins la compréhension de l'islam que le statut à accorder à l'exemple de François.

La vision en quelque sorte officielle est donnée par Bonaventure, longtemps supér