Pendant des lustres, l'esclavage dans le monde musulman fut un quasi tabou, aussi évident dans la vie quotidienne que nié par les intellectuels locaux comme par la plupart des orientalistes. «L'esclavage y est tellement intériorisé que les esclavagistes eux-mêmes refusent d'admettre qu'ils le sont, et même de grands islamologues occidentaux tels Vincent Monteil, Jacques Berque ou Louis Massignon, qui comptent parmi ceux qui ont le mieux connu l'islam, ont préféré se concentrer sur la hauteur mystique de grands théosophes plutôt que de mettre en lumière les réalités scandaleuses des marchands de chair humaine», souligne volontiers Malek Chebel, psychanalyste et anthropologue qui, livre après livre, pulvérise les préjugés simplificateurs sur la religion de ses pères.
Ce militant «d'un islam des lumières», qui a écrit aussi nombre d'ouvrages sur l'amour et le plaisir dans la religion musulmane, aime rappeler que «le Prophète lui-même menait une vie qui pourrait sembler pécheresse aux intégristes d'aujourd'hui».
«Vivace». Tout à la fois livre d'érudit, pamphlet et chronique de terrain, ce nouvel ouvrage bouscule aussi nombre d'idées reçues sur un islam religion d'égalité et abolitionniste.
«Depuis plus de quatorze siècles, l'islam interdit de mettre qui que ce soit en esclavage, qu'il soit croyant ou non croyant, alors pourquoi ce phénomène est-il encore vivace en terre d'islam ?» s'interroge dans son livre Malek Chebel, qui se demande aussi pourquoi