François Fillon n'a lu aucun des livres de la rentrée. Jeudi dernier, il a invité à Matignon des centaines d'auteurs et d'éditeurs pour le leur annoncer. Il a dit : «Je dois vous faire un aveu : je n'ai lu aucun des livres de la rentrée littéraire.» Puis champagne et petits fours pour tout le monde. C'est le retour de la repentance.
La repentance nous manquait. Il est juste et bon de se repentir. Avec son air de saint Sébastien, Fillon est vraiment convaincant dans ce rôle, l'un des rares laissés libres par son patron. On verrait bien le Premier ministre convier 3 000 boulangers pour leur déclarer : «Je n'ai pas mangé de pain depuis trente-deux ans, je fais une allergie au gluten.» Car c'est dans la franchise et la transparence qu'il faut conduire une Nation. Evidemment, si Fillon avait dit : «Je n'ai lu que le Nothomb, et j'ai trouvé ça super nul», la fête aurait été irrémédiablement gâchée. Il a donc préféré évoquer ses premiers émois de lecteur devant des revues cochonnes. Non, pardon : devant François-René de Chateaubriand. «Je me souviens très nettement - j'avais 15 ans - lorsque j'ai entamé la lecture des Mémoires d'outre-tombe. A la première page, j'ai ressenti comme un souffle froid le long de la nuque.» C'était peut-être bien Playboy, finalement.
François-René, retenu au large de Saint-Malo, n'était pas disponible pour une coupe de champagne Mademoiselle. Sur cette première page qui fait tant frissonner, il a écrit : «L'homme qui