Les trois romans qui parlent de la guerre de Sécession, cet automne, sont du côté des vainqueurs : l'armée du Nord, en uniforme bleu, les abolitionnistes, appelés aussi les soldats de l'Union. En face sont «les rebelles», les confédérés vêtus de gris, le Sud esclavagiste. Dans Gilead de Marilynne Robinson, la guerre civile américaine, du moins sa mémoire, car le récit est situé en 1956, est évoquée à travers un personnage de prédicateur qui la vécut comme une croisade (Libération du 1er novembre).
La cause est juste, les Noirs sont libres. Pour comprendre ce que vivait un esclave noir avant la guerre, on se reportera à l'indispensable roman d'Edward P. Jones le Monde connu, qui vient d'être réédité au Livre de poche. La Marche et Redemption Falls, qui font le choix de la fresque, du mouvement, insistent sur le séisme ravageur, plus de 600 000 morts entre 1861 et 1865, et combien de vies sens dessus dessous, le Sud en ruine. Fût-elle justifiée, une guerre peut difficilement être décrite fleur au fusil.
Mercure. E.L. Doctorow raconte l'équipée de Sherman depuis Atlanta et jusqu'en Caroline du Nord, en passant par le grand incendie de Columbia : la Marche jette sur les routes «soixante mille hommes, lame de faux large de cinquante kilomètres fauchant une terre où avait régné l'abondance». Le médecin colonel, champion de l'amputation rapide, la bonté s'exerce où elle peut, a sa propre métaphore que le romancier ne pourrait