En 1969, un groupe d'étudiants radicaux américains opposés à la guerre du Vietnam se plonge dans une petite brochure éditée par le département de la chasse et de la pêche du Wisconsin expliquant aux agriculteurs comment creuser une mare à canards à l'aide d'un mélange de fioul et d'engrais au nitrate d'ammonium. Pour 48 dollars, les étudiants achètent une tonne de nitrate, en bourrent une camionnette volée et, à l'aube du 23 août 1970, une énorme boule de feu détruit un centre de recherches de l'armée américaine et des bâtiments universitaires, tue un jeune physicien - antiguerre lui aussi - et blesse plusieurs dizaines d'étudiants. Le «nitrate-fioul» était né, qui, grâce à sa puissance de feu incomparable, allait devenir l'un des explosifs préférés des terroristes du monde entier, de Buenos Aires à Kaboul, de Colombo à Belfast.
Méthode. Bienvenue au XXIe siècle, sa mondialisation heureuse, son futurisme qui dépasse la fiction, ses «technologies gagnantes». Mike Davis, sociologue et historien américain atypique - avant d'enseigner en Californie, il a été cuisinier et conducteur de camion -, est lu en France depuis quelques années grâce à son essai sur un Los Angeles postmoderne (City of Quartz, la Découverte, 2003).
Deux nouvelles traductions permettent de mesurer l'ampleur de son champ d'investigation et surtout la méthode qu'il s'est donnée : avec l'histoire de la voiture piégée et l'avènement d'un Dubaï aussi capitaliste qu'irréel, il se saisit de deux syndrom