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Libération

Parce qu'il faut survivre

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publié le 15 novembre 2007 à 1h29

Un enfant, ça meurt. Ensuite, on l'enterre. Il y a aujourd'hui du monde aux funérailles : parents, ministres, photographes, proches et lointains, saltimbanques socioculturels, animaux et psychologues de compagnie, tous amis en deuil du genre humain. Au fond du trou, on voit parfois cette chose étrange, à la fois molle et ferme, ficelée comme un rôti : un best-seller. Il embaume l'enfant, console les parents, fait récit de l'universel chagrin : il raccompagne les pleurs vers la sortie, avec la courtoisie tranquille et un peu lisse d'un majordome.

Son auteur s'appelle par exemple Guillaume Musso. Né à Antibes, il a 33 ans. Son site indique qu'il a vendu des crèmes glacées à New York, «cohabitant avec des travailleurs de toutes nationalités». Ensuite, il a fait des études d'économie. Six petites vidéos le montrent sur une passerelle paysagée. Il porte une chemise noire. Les mains restent dans les poches du jean. Il a l'air simple.

Musso est édité par Bernard Fixot. Ses quatre romans se sont vendus à 2,9 millions d'exemplaires et traduits en 24 langues. Les producteurs achètent les droits. Ils ont des noms de livres de Marc Levy : Et après.,Sauve-moi, Seras-tu là ?. Le quatrième, publié en mai, s'intitule Parce que je t'aime. Tandis que l'automne littéraire distribue ses feuilles mortes, il reste bien calé dans les listes, sans bruit, à l'ombre du public qu'il a et du film qu'il deviendra, comme un gros enfant sage au salon : 391 000 exemplaires tirés.

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