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Libération
Critique

De l'imaginaire colonial

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publié le 22 novembre 2007 à 1h37

Intitulé Mes jeunes lectures, un mince chapitre est perdu au milieu des 936 pages du passionnant Dictionnaire de la France coloniale dirigé par Jean-Pierre Rioux. L'auteur, né en 1939, y cite, à la première personne, les «quelques lectures coloniales qui ont pu marquer un jeune métropolitain de [s]a génération, celle de la guerre d'Algérie». Dans sa liste : Jeune Français, voici ton armée ! hymne aux troupes coloniales publié en 1945, la Question d'Henri Alleg (1958), Peau noire, masque blanc de Frantz Fanon (1952), sans oublier Maupassant, Loti, les frères Tharaud ou encore le très anticolonialiste Simenon.

Ce témoignage illustre l'une des ambitions de l'ouvrage : raconter les représentations que les Français de métropole se firent de l'empire colonial et de ses habitants à travers la littérature, mais également la publicité, la chanson, la bande dessinée, le cinéma, la télévision, les manuels scolaires. Eux qui n'avaient, dans leur immense majorité, aucun lien avec ce monde. «Construites, diffusées et vulgarisées en métropole, le plus souvent au mépris de la réalité de la situation coloniale», ces représentations «ont néanmoins contribué à enrichir, gauchir ou dévoyer les visions du monde des Français», affirme Rioux. Et sans doute pèsent-elles encore aujourd'hui.

«Surpris». A la décharge des Français de France, la colonisation n'a jamais été une grande cause nationale. Et c'est l'autre ambition, complémentaire, de ce