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Libération
Critique

Les nouveaux carnets de terrain de Maurice Godelier

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Anthropologie. L'ethnologue remet en question quelques évidences scientifiques.
publié le 22 novembre 2007 à 1h37

Il ne suffit pas pour un ethnologue, dit ironiquement Maurice Godelier, de se faire accepter par un petit groupe de personnes qui vont devenir ses «informateurs» et de tenir avec elles pendant quelques mois des conversations à bâtons rompus autour d'un feu. Ainsi doit-on comprendre qu'on ne naît pas ethnologue mais qu'on le devient. et qu'on peut le rester quand bien même le terrain du chercheur ne se situe plus en terres lointaines. Dans ce nouveau livre, plus personnel que les précédents, Maurice Godelier, 73 ans, décrit avec clairvoyance le monde contemporain dans lequel l'anthropologue du XXIe siècle (lui-même en l'occurrence) continue d'exercer son métier, monde postmoderne, postmarxiste, poststructuraliste.

Iconoclaste. Dans une magistrale introduction (63 pages !), Godelier explique la voie de la «déconstruction-reconstruction» dans laquelle il s'est engagé depuis toutes ces années et dont l'ouvrage reprend avec clarté les résultats obtenus. Iconoclaste, il aligne tranquillement la mort de quelques vérités anthropologiques instituées, réputées éternelles, et célébrées pendant des décennies comme des évidences scientifiques : sont ici revisitées les quatre thèses de ses précédents ouvrages que les aficionados de Godelier connaissent bien («Il est des choses que l'on donne, d'autres que l'on vend, et d'autres qu'il ne faut ni vendre ni donner mais garder pour les transmettre ; nulle société n'a jamais été fondée sur la fam