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Libération
Critique

Pepita, mi corazón

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publié le 22 novembre 2007 à 1h37

En Espagne, les femmes sont un peu plus violentes qu'ailleurs. Elles fleurissent et fanent entre des clous d'orgueil - dans la littérature du XIXe siècle en tout cas. L'une des plus célèbres et subtiles est Pepita Jiménez, l'Andalouse blonde aux yeux verts. La voici au combat : «Son âme, et toute la passion qu'elle contenait, prit corps dans ses paroles, et ses paroles ne servirent pas à enrober pensées et sentiments, mais à les incarner directement.» On est vers la fin du roman. Contrairement au lieu commun romantique et aux habitudes espagnoles de l'époque, Pepita obtient aussitôt ce qu'elle veut : l'amour éternel, peut-être, mais d'abord l'amour physique. Comme le précise l'auteur de cette petite révolution, «quant à nous, nous aimons beaucoup Pepita ; mais la vérité passe avant tout, et il nous faut la dire, quelque préjudice qu'il en coûte à notre héroïne». Et l'homme qu'elle aime, un séminariste torturé de 20 ans, la suit en silence «dans la chambre sombre».

«Huître». Juan Valera, né à Cordoue, invente cette histoire en 1874. Il a 50 ans. C'est son premier roman et l'un des classiques de la langue espagnole. Le romancier Grégoire Polet, auteur cet automne de Leurs Vies éclatantes (Gallimard), l'a pour la première fois entièrement traduit. Il en restitue ce qui, pour Valera, déterminait tout : la poésie. Ancien diplomate, politiquement influent, Valera est une personnalité de son temps. Il a beaucoup voyagé. Il est revenu sur ses terres en 187