«Comment Simone Veil est-elle devenue une icône de notre siècle ?» se demandait récemment une historienne française. Ceux qui espèrent trouver l'explication dans son autobiographie s'exposent à une grande frustration et risquent de se demander à leur tour comment l'autobiographie d'une femme qui a eu un destin aussi exceptionnel peut être aussi décevante. Pour répondre à cette question, on peut faire plusieurs hypothèses. Le livre a été écrit sans nègre ? (C'est ce que suggère l'absence d'un coauteur sur la page de titre. Ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de nègre, ni qu'il y en ait.) Avec un mauvais nègre ? Avec un nègre qui n'a pas pu faire son travail ?
Reprenons. En lisant ce livre de 400 pages, on constate que tout y est, toutes les étapes de sa vie, et pourtant rien n'y est, ou presque. Simone Veil a été déportée à Auschwitz, en avril 1944, à l'âge de 17 ans. Elle a porté, dans des conditions très difficiles, la loi sur l'avortement, elle a occupé pendant trente-cinq ans une place atypique au coeur du monde politique français et européen, ce qui lui a valu un large respect.
Mais, au fil des pages, on a l'impression de ne quasiment rien apprendre qui n'ait déjà été dit ailleurs, notamment dans la biographie de Maurice Szafran (1994). Et encore, ce qui est dit l'est dans un style qui évoque très fort la langue de bois politico-administrative, enrichie de clichés coincés entre la crainte de manquer de modestie et celle d'en avoir trop. On n'entend aucune v