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Libération
Critique

Girard, de la guerre

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publié le 6 décembre 2007 à 1h53

Donc, l'apocalypse ne serait pas seulement la fin du monde, mais aussi le fin mot de l'humanité : le mystère levé, la vérité atteinte. «J'aime le drame», admet René Girard. Le drame dans le sens sublime, quand on pleure de joie, quand la plénitude naît des douleurs accumulées. «La réconciliation est l'envers de la violence», écrit le philosophe anthropologue. «La montée aux extrêmes est le visage que prend maintenant la vérité pour se montrer aux hommes», ajoute-t-il. «Notre rationalité apocalyptique nous oblige à une certaine brutalité», se justifie-t-il. Dit sommairement : la possibilité de la disparition de l'humanité serait la condition même de son salut. «On ne peut pas sortir de cette ambivalence.»

En 1961, René Girard publie Mensonge romantique et vérité romanesque, première et fulgurante exposition de sa théorie du désir mimétique à partir de l'étude des grands romans européens. Je désire ce que l'autre désire, et plus je tente de masquer la vraie nature de mon désir, plus je m'enfonce dans la spirale de la rivalité mimétique. Thèse déployée depuis d'oeuvre en oeuvre, agrandie à l'anthropologie, aux questions de la violence, du sacré, du bouc émissaire, ainsi qu'à une défense de plus en plus marquée du christianisme catholique. A 84 ans, le voici qui aborde, non sans jubilation, la question de la guerre, celle qui met à nu les puissances du mimétisme, la «montée aux extrêmes, de Napoléon à Ben Laden» ; l'apocalypse.

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