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Libération
Critique

Sergi ville nouvelle

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publié le 6 décembre 2007 à 1h53

«Au Forum des Halles, il y a des hommes qui viennent acheter de la mousse à raser et qui repartent chez eux avec des jouets qu'ils donneront aux enfants qu'ils auront avec la femme qu'ils n'ont pas encore rencontrée.» Ça pourrait être une nouvelle de Sergi Pàmies - le ton, la longueur, Pàmies est un spécialiste de la nouvelle vraiment courte -, mais c'est une publicité pour le Forum des Halles, parue dans Libération en 1988, que l'écrivain catalan a choisi de mettre en exergue de son dernier recueil, intitulé le Dernier Livre de Sergi Pàmies.

Compassion.Ce dernier livre donc est le septième de Pàmies traduit en français, il comprend neuf nouvelles, la plus courte fait deux pages et trois lignes («l'Avenir», ça promet), la plus longue 46 pages, elle se passe à Paris et s'appelle «l'Océan Pacifique», c'est logique.

Toutes ont en commun une humeur dépressive, indubitablement mais bizarrement. Elles n'évoquent pas la noirceur de la condition humaine, mais sa fragilité, elles ne donnent pas envie de se pendre, mais de faire appel à la compassion, à l'indulgence, à la nécessité d'accepter l'inacceptable, la mort d'un enfant ou le naufrage d'un parent. Et, surtout, elles sont drôles, souvent.

Dans «l'Océan Pacifique», c'est un pur ravissement de voir la manière dont Pàmies parle de Paris et du caractère intrinsèquement désagréable de ses habitants. Sur le ton sérieux et informé du travel writer ou de l'anthropologue qui en a vu d'autres, il explique que Par